A REFLECHIR !
L’équivalent de la consommation en eau, potable, de « 18 millions d’habitants » perdu. Chaque année. Alors que le territoire métropolitain français, comme une grande partie de l’Europe, fait face à une sécheresse historique, un document de l’Observatoire des services publics d’eau et d’assainissement et de l’Office de la biodiversité (OFB) illustre la « porosité » du réseau tricolore, comme le rapportent nos confrères du Parisien. « Demain, il n’y aura plus d’eau dans les tuyaux. On a un problème majeur et récurrent à régler », avertit l’hydrologue Emma Haziza, face à nos confrères.
Ce document, émanant d’une agence de l’État, est dressé chaque année grâce aux données de « rendements » fournies par l’ensemble des collectivités du pays. Au 1er janvier 2022, la France comptait 1 254 intercommunalités distinctes. Ces rendements sont obtenus en faisant le ratio entre l’eau envoyée dans le réseau et la consommation réelle des ménages du territoire concerné. Résultat, sur l’année 2020 – examinée dans le rapport – ce sont plus de 937 millions de m3 d’eau qui sont partis dans la nature sans qu’ils soient passés par l’étape « robinet ». Cela représente, tout de même, environ 300 000 piscines olympiques. « Cette eau retourne parfois dans les nappes », explique la spécialiste à nos confrères. Mais c’est loin d’être le cas pour toutes les pertes. « Le reste du temps [l’eau] est perdue, selon les milieux dans lesquels elle est piégée », précise l’experte.
Un réseau vieillissant
Mais pourquoi le réseau d’eau français est-il une quasi-passoire ? La réponse est assez simple : l’âge et la qualité des tuyaux. Certains réseaux datent, en effet, des années 1950 et 1960, indiquent les experts. À cela s’ajoutent la corrosion des conduites d’eau, les mouvements de terrain ou encore les défauts au niveau des joints d’étanchéité. Pour améliorer ce triste résultat, l’État incite les communes à faire des travaux. En effet, depuis 2012, un décret force les collectivités locales à atteindre certains seuils en ce qui concerne les rendements de leurs réseaux.
Le gouvernement va-t-il sortir le carnet de chèques ? La question mérite, bel et bien, d’être posée. En effet, la moitié des pertes pourrait être « évitée par une amélioration des réseaux, mais c’est un mur d’investissement » concède Éric Bréjoux, chef du service eau à l’OFB, dans les colonnes du journal francilien. Pour autant, les spécialistes refusent de céder à l’alarmisme. Selon Éric Bréjoux, « même si cela provoque des déséquilibres [lors de fortes sécheresses, NDLR], [même si] l’eau ne retourne pas dans sa nappe d’origine, elle n’est jamais perdue », explique-t-il. La question d’une aide financière est quand même à poser, puisque plus d’une centaine de communes ont, durant cette saison estivale 2022, été privées d’eau au robinet.
réf Article : ” LE POINT” Magazine du 02/08/2022
Economie d’eau : ce que disent les derniers chiffres sur la consommation des Français
Samedi 3 juin, le gouvernement a lancé une campagne de communication destinée à économiser les ressources en eau à l’approche d’une période estivale qui s’annonce une nouvelle fois tendue.
Après l’électricité, les Français sont appelés à la sobriété sur l’eau. L’été 2022 a été marqué par une sécheresse historique tandis que l’hiver n’a pas vraiment permis de recharger les nappes phréatiques en France. Avant les grandes chaleurs de l’été, le gouvernement a lancé samedi 3 juin une campagne de communication, intitulée “Chaque geste compte”, destinée à encourager les économies d’eau.
Les Français sont ainsi invités à adopter dès maintenant, au quotidien, des gestes simples afin de réduire leur consommation, dont des douches ne dépassant pas les 5 minutes ou encore peu la plantation de plantes peu gourmandes en eau. En février, le président de la République, Emmanuel Macron, avait déjà plaidé pour un “plan de sobriété pour l’eau” sur le modèle du “plan de sobriété énergétique” lancé pour contenir les effets de la guerre en Ukraine, ajoutant qu’il fallait se résoudre à la “fin de l’abondance”. Mais, quelle est la véritable consommation d’eau en France ? Quels sont les usages de l’eau potable ?
148 litres d’eau consommés en moyenne par jour
Au total, en France, le ministère de la Transition écologie estime qu’environ 33 milliards de mètres cubes d’eau sont prélevés chaque année (hors hydroélectricité), dont 5,3 milliards sont destinés à la production d’eau potable, particulièrement pour les ménages.
Après une nette augmentation entre 1975 et 2004, passant de 106 litres par jour et par personne à 165, la consommation d’eau chez les Français a connu une légère baisse ces vingt dernières années. Dans un dernier rapport publié en 2022, l’Observatoire des services publics d’eau et d’assainissement (Sispea) révèle ainsi que chaque habitant utilise en moyenne 148 litres d’eau potable par jour. Soit 54 750 litres sur l’année. Dans les foyers, l’eau est principalement utilisée pour des besoins d’hygiène et de nettoyage (93 %), plus que pour alimentation (7 %). Dans le détail, selon le Sispea, 39 % de l’eau consommée dans le foyer est utilisée pour l’hygiène corporelle, 22 % pour le lavage du linge et de la vaisselle, 20 % pour la chasse d’eau, 6 % pour la cuisine, autant pour le lavage de la voiture ou l’arrosage du jardin, et seulement 1 % pour boire.
Il faut cependant intégrer dans le calcul de la consommation par citoyen l’eau dite “indirecte”. Autrement dit, l’eau consommée à travers les services et objets de consommation (écoles, hôpitaux, collectivités, boutiques…). En l’intégrant, la consommation atteint ainsi 1 875 mètres cubes par an et par habitant en France.
Des disparités territoriales
Concernant la consommation d’eau, comme dans beaucoup d’autres domaines, il existe une réelle disparité entre les territoires. Plus on descend dans le sud du pays, plus les Français en consomment. Le climat joue sur ce différentiel, tout comme la pression touristique, la présence de piscines privées et de jardins.
Selon des données publiées en janvier 2023 par le ministère de la Transition écologique, “les volumes d’eau consommés par habitant sont plus importants dans les départements du sud de la métropole”. Par exemple, un habitant des Hauts-de-France consomme 109 litres d’eau par jour tandis que la moyenne en Provence-Alpes-Côte d’Azur s’élève à 228 litres par jour. Les chiffres indiquent également que les départements de la Guadeloupe, de la Martinique et de la Réunion ont une consommation domestique en eau potable supérieure à la moyenne, liée au développement résidentiel, à la pression démographique, mais aussi à l’arrosage extérieur, une pratique répandue à La Réunion.
Des économies possibles sur les fuites et les petits gestes
Par le biais de sa campagne de sensibilisation, le gouvernement espère réaliser des économies d’eau. Dans les foyers, il existe une série de petits gestes à appliquer, dont l’installation d’un réducteur de débit sur les robinets et dans la douche ou celle un récupérateur d’eau de pluie…
Mais l’exécutif mise aussi sur une lutte active contre les fuites, surtout celles liées à des oublis, comme des robinets mal fermés ou des chasses d’eau qui coulent. D’après le centre d’information sur l’eau, elles peuvent représenter entre 15 et 20 % de l’utilisation d’eau par les ménages. Un goutte-à-goutte de robinet représente 4 litres d’eau écoulés par heure ; 25 pour une chasse d’eau qui fuit.
Autre piste du gouvernement pour réduire la consommation d’eau : la réparation des fuites, autant chez les particuliers que dans les canalisations qui y conduisent l’eau. D’après les chiffres publiés en mars 2023 par l’Observatoire national de la biodiversité, 20 % de l’eau potable produite s’échappe à cause de ces fuites. Soit l’équivalent de 937 millions de mètres cubes d’eau perdus chaque année. Ce qui correspond à la consommation annuelle moyenne d’un bassin de population de 18 millions de personnes (comme l’Ile-de-France). En cause : un réseau de canalisation vieillissant datant pour une majorité des années 1970, qui devrait subir des améliorations dans les prochaines années.
réf Article : Magazine “l’Express” du 3 juin 2023